TEMOIGNAGE : Laetitia
Je m'appelle Laetitia, et je suis étudiante en deuxième année de droit à l'Université d'Anvers. Mon rêve est de devenir avocate et de défendre les droits des plus vulnérables. Cependant, la réalité financière d'être une étudiante est souvent difficile à gérer. Entre les frais de scolarité, les livres, le logement et les dépenses quotidiennes, il m'était de plus en plus ardu de joindre les deux bouts. J'ai enchaîné les jobs étudiants : serveuse dans un café, caissière dans un supermarché, et même assistante administrative à temps partiel. Malgré mes efforts, ces petits boulots ne suffisaient pas toujours à couvrir mes besoins. C'est ainsi que, par nécessité plus que par choix, j'ai commencé à travailler comme escort.
Avec deux à trois rendez-vous par mois, je ne suis plus jamais à découvert. Ces rendez-vous consistent souvent à prendre un verre dans un bar chic du quartier de Het Zuid, comme l'August Bar, ou à dîner dans des restaurants étoilés comme The Jane. Ces moments de convivialité et de luxe m'offrent un contraste saisissant avec la vie étudiante frugale que je mène la plupart du temps. Parfois, mes clients me demandent de les accompagner à des événements sociaux ou à des galas, ce qui me donne l'occasion de porter des robes élégantes et de me sentir comme une princesse, ne serait-ce que pour une soirée.
Cependant, ces rendez-vous ne se limitent pas toujours à des dîners et des conversations. Il y a des attentes implicites, et parfois explicites, de la part des clients. Bien que j'essaie de fixer des limites claires, il m'arrive d'être confrontée à des situations où je me sens obligée d'accepter des choses que je préfèrerais éviter. C'est pourquoi je préfère rester énigmatique sur certains aspects de mon travail. Il y a une part de moi qui se protège en gardant une distance émotionnelle et en évitant de trop en dire, même à mes amis les plus proches.
La réalité de ce travail est complexe. D'un côté, il m'offre une sécurité financière et me permet de me concentrer davantage sur mes études sans l'inquiétude constante de manquer d'argent. De l'autre, il y a des moments de doute et de regret, comme lorsque je repense à cet épisode amer où j'ai dû faire quelque chose contre ma volonté. À ce moment-là, je me suis sentie emprisonnée, privée de ma liberté en tant que femme, et cela a laissé une marque indélébile sur moi.
Je me suis fixée un objectif clair : une fois que je commencerai à travailler comme avocate, je mettrai fin à mon activité d'escort. Je veux économiser de l'argent pour mes futurs enfants, afin qu'ils n'aient jamais à faire ce que j'ai dû faire pour joindre les deux bouts. Jusqu'à ce moment, je continue à naviguer entre mes études à la bibliothèque de l'université et les rendez-vous discrets dans les rues élégantes d'Anvers. Cette double vie est épuisante, mais elle me rappelle chaque jour pourquoi je me bats si fort pour réussir et pourquoi il est si important pour moi de construire un avenir différent, tant pour moi que pour ceux que j'aime.